Augmenter le panel alimentaire lors de la néophobie alimentaire

Alimentation

En tant que parent ou professionnel de la petite enfance ou de la santé, nous avons tous été confrontés à des enfants qui refusent certains aliments, notamment les légumes, ou qui ne veulent pas goûter de nouveaux aliments. Cette phase est bien connue sous le nom de néophobie alimentaire.

Pourquoi la néophobie alimentaire apparaît-elle ?

Elle se manifeste généralement autour de deux ans, mais son déclenchement est davantage lié à la mobilité de l’enfant qu’à son âge précis. Elle peut donc apparaitre un peu avant ou un peu après. Plus l’enfant grandit, plus il a accès à des objets et des aliments variés de façon autonome, et son cerveau entre alors dans un mode instinctif de protection : il ne doit plus mettre tout ce qui passe à sa portée dans sa bouche, comme il le faisait entre 6 et 12 mois. Il doit sélectionner les aliments qu’il connait et qu’il peut mettre à la bouche, des aliments qu’il ne connait pas et qui sont potentiellement dangereux.

La néophobie alimentaire est donc un mécanisme naturel de protection de l’espèce humaine. Cependant, elle peut durer jusqu’à ce que le cerveau de l’enfant atteigne une certaine maturité, c’est-à-dire jusqu’à l’adolescence. Je vous rassure, le pic le plus intense se situe entre 2 et 6 ans.

Le défi parental consiste donc à accompagner nos enfants dans la découverte alimentaire durant une période qui n’est absolument pas propice à cette découverte. Il est donc indispensable que les enfants aient gouter un maximum de chose avant l’âge de 15 mois et surtout que le passage aux morceaux ait été fait à 9 mois maximum. Vous comprenez maintenant que commencer les morceaux dans cette période n’est pas la bonné idée.

Pourquoi certains aliments sont-ils plus refusés que d’autres ?

Pendant cette phase, plusieurs facteurs influencent les préférences alimentaires des enfants :

1. L’évolution du goût et autres sens : L’enfant refuse davantage l’amertume, Les choux seront donc difficile à accepter pour nos enfants. La couleur verte est plus refusée que la couleur orange d’après les études. Une particularité qui ne vas pas nous aider pour nos légumes verts. Les textures mouillées et collantes seront moins bien tolérées sur les doigts. Une particularité qui va encourager nos enfants à découvrir les couverts mais qui va géner la mise en bouche qui était facilité par l’exploration tactile avant la mise en bouche.

2. L’impact du visuel : Ce qui ne lui est pas familier est souvent rejeté. Ainsi, les aliments mélangés sont plus difficiles à accepter.

3. La recherche de stabilité : Les enfants ont tendance à se tourner vers des aliments “stables”, c’est-à-dire ceux qui ont toujours le même goût et la même texture (exemple : pâtes, poulet). Pendant cette période l’alimentation industrielle peut être un piège car elle offre un gage de stabilité sensorielle en bouche à toute épreuve. En revanche, ils ont plus de mal avec les aliments dont la texture varie, comme la pomme verte et la pomme jaune (qui n’ont ni le même goût ni la même texture), ou encore les aliments à double texture, comme le poivron (peau dure et chair tendre) ou la clémentine (peau fine, pulpe juteuse et fibres). Pour conclure les fruits et les légumes avec le haut potentiel de variété ne seront pas bien accueillis.

Comment accompagner un enfant sans renforcer son refus alimentaire ?

La bonne nouvelle, c’est que plus un enfant a été exposé à des aliments variés en morceaux entre 8 et 15 mois, moins sa néophobie sera marquée.

Mais au-delà de ça, il y a deux grandes erreurs à éviter :

1. Utiliser des méthodes coercitives : Chantage, punition, pression (“Si tu ne finis pas tes haricots verts, tu n’auras pas de dessert”). Ces stratégies augmentent le stress de l’enfant, et le stress libère une hormone qui coupe l’appétit. Résultat : non seulement il ne mange pas, mais il associe l’aliment refusé à un moment désagréable, ce qui renforce son rejet. Le stress répété va entrainer des comportement chez l’enfant: Fuite, combat, résilience mais aussi il peut manger son assiette par peur.

De plus, hiérarchiser les aliments est une erreur. Dire à un enfant “Si tu ne manges pas tes légumes, tu n’auras pas de yaourt” revient à placer le yaourt au-dessus des haricots verts, alors qu’en réalité, les deux ont des apports nutritionnels essentiels mais différents.

2. Laisser totalement faire l’enfant en espérant que ça passera tout seul : Donner uniquement ce qu’il accepte risque de limiter son panel alimentaire sur le long terme. Moins un enfant est exposé à un aliment, plus il risque de le rejeter durablement. IL faut donc garder une exposition positive tout en gardant le plaisir alimentaire de venir manger.

Quelle stratégie adopter ?

Il faut mettre en place des méthodes d’habituation positive au quotidien. On va garder une majorité d’aliments que l’enfant peut manger mais attention à ne pas tomber dans la répétition de toujours faire les mêmes plats. Pour identifier les aliments que l’enfant peut manger et ceux qui lui restent à découvrir, on peut mettre en place un journal alimentaire.

Comment utiliser un journal alimentaire : Notez les aliments que votre enfant mange facilement et assurez-vous qu’ils soient majoritairement présents à chaque repas. L’idée est que l’enfant retrouve toujours des aliments familiers pour que le repas reste un moment de plaisir et non de stress.

Organiser les repas selon trois catégories :

Les aliments familiers (ceux que l’enfant mange sans souci – ils doivent être majoritaires).

Les aliments “couci-couça” (acceptés un jour, refusés un autre).

Les aliments à découvrir (ceux qui sont généralement refusés mais qu’on souhaite lui faire découvrir progressivement).

💡 Astuce : Les aliments “couci-couça” et les nouveaux aliments ne doivent représenter que 20 % de l’assiette pour que la découverte alimentaire ne soit pas une source d’angoisse.

L’importance du jeu et de l’exploration sensorielle

Que vous soyez parent ou professionnel, votre attitude est primordiale. L’enfant ne doit pas sentir que vous attendez absolument qu’il mette dans la bouche ou qu’il avale un aliment.

Goûter ne signifie pas avaler, mais explorer avec tous ses sens :

Le toucher

L’odorat

Le visuel

L’ouïe (certains aliments croustillent, d’autres non)

Si vous passez par le jeu, la manipulation et la découverte sensorielle, vous mettez toutes les chances de votre côté pour que l’enfant s’intéresse à l’aliment. Posez lui des questions sur sa couleur, sa texture ou encore son toucher. Plus le repas est détendu et ludique, plus l’enfant sera enclin à goûter.

⚠️ Attention aux enfants ayant subi des méthodes coercitives par le passé : Ils peuvent avoir développé des mécanismes de défense. Par exemple, ils ne veulent plus voir d’aliments inconnus dans leur assiette. Dans ce cas, un premier challenge peut être simplement d’accepter la présence d’un nouvel aliment à côté de leur assiette avant même de penser à le faire découvrir autrement.

Arrêtons de mettre de la performance dans l’alimentation

On met souvent trop d’attentes dans la découverte alimentaire, comme si un enfant devait absolument aimer tous les aliments. Mais manger, c’est aussi un plaisir et une expérience sensorielle.

Quand on fait du sport, on ne cherche pas toujours à battre des records, on peut simplement courir pour le plaisir. C’est pareil avec l’alimentation : un enfant n’a pas besoin d’aimer tous les aliments, de manger tout de suite en grande quantité, il a juste besoin de découvrir avec plaisir.

Si vous êtes professionnel et que vous souhaitez un outil fiable pour accompagner les familles, vous pouvez télécharger notre journal alimentaire dans la boutique.

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Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire, on se fera un plaisir d’y répondre !

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