Il ne mange que des pâtes. il mange mais seulement de la purée très lisse, il ne mange que des petits pots du commerce,il ne mange que des nuggets du Mac Do…Des petites phrases que nous partage certains parents inquiets par rapport à alimentation de leurs enfants.

En ergothérapie, ce sont des plaintes en lien avec l’occupation du repas. ces petites phrases anodines, ou on pourrait répondre, ce n’est pas grave, il mange quand meme, sa courbe de poind est bonne, on plus d’impact dans la vie sociale que l’on pense pour les parents.

C’est un vrai casse tête de faire les menus de la semaine, il n’est pas possible de laisser son enfant en garde (crèche, nounou, cantine), il n’est pas possible d’aller au restaurant et pour les plus grand aller en vacances ou en centre de vacances n’est pas une option.

Il faut avoir à l’idée, qu’un enfant qui présente des difficultés alimentaires (trouble alimentation en pédiatrie) n’est pas seulement un enfant qui ne mange pas…

Parlons un peu de développement…

Dans le ventre de sa maman, le bébé va découvrir les saveur grâce au liquide amniotique qui va solliciter le goût et l’olfaction. Il va laper le liquide amniotique (jusqu’à trois litres en fin de grossesse).
 

A sa naissance, si bébé est allaité, il va continuer à éveiller ses saveurs avec le lait maternelle qui n’a pas le même goût, ni la même composition au cours de l’allaitement.

 

Par la suite c’est la diversification (le passage à une alimentation liquide vers solide) qui va continuer à lui faire découvrir, le goût, les textures, les résistances. Toutes les expériences vont lui permettre de développer son répertoire sensorielle alimentaire pour avoir vers 2 ans une alimentation de table comme ses parents.

Au commencement…

Plusieurs chemins sont possibles pour accompagner bébé dans la transition du liquide vers le solide.

Le chemin progressif: A 4 mois révolu, on propose à bébé des purées lisses. par la suite on va progressivement changer la texture de la purée pour passer sur des purées plus épaisses, des purées granuleuses (intégration des protéines) et ensuite des purées grumeleuses (intégration des écrasés et des morceaux fondants).

Le chemin mixte: Notre bébé commence par des purées et ensuite va passer directement aux morceaux quand il tient assis (attention à respecter les capacités de bébé)

La DME: Le bébé va passer directement aux morceaux fondants et croustifondants à partir de la tenue assise.

Le recul du nauséeux sensitif est indispensable pour découvrir l’alimentation mixée et solide.

Le passage vers les morceaux se fera (souvent) sans difficulté avec l’appétence naturelle de l’enfant pour aller découvrir son environnement avec sa bouche mais aussi avec la progression des ses capacités de préhension et la gestion du main-bouche.

Pour indication, l’introduction des morceaux se fait quand bébé tient assis, qu’il a un main bouche coordonnée et quand il en montre l’envie.

La curiosité sera notre meilleur allié pour avoir une réponse positive, à une exposition alimentaire quotidienne.

La maudite période de la sélectivité!!!

Autour des 3 ans, cela peut se faire avant, notre jolie petite tête blonde va se mettre à refuser certains aliments notamment nos “très chers légumes”, on appelle cette étape la phase de sélectivité transitoire (néophobie alimentaire). Pas de panique, pas de pression, cette phase est un passage dans le développement de l’enfant (Bien sur on peut parler de normalité si notre enfant avant cette phase avait développé une alimentation en morceaux variée).

On ne s’énerve pas!!! Au niveau parental, gardons une attitude bienveillante, pas de forçage, pas de punitions, on ne reste pas des heures à table devant son assiette!

Mais alors que fait on? On continue à proposer de façon systématique les aliments que nous mangeons (la famille) à notre enfant en veillant à lui maintenir un goût copain à chaque repas afin de garder le plaisir de manger. On lui propose une quantité adaptée, en le mettant en situation de réussite. Notre enfant réintégrera progressivement (attention on parle de plusieurs mois voir plusieurs années parfois pour cette phase) les aliments délaissés au fur et à mesure.

Mais parfois c’est bien plus compliqué…

Pour certains enfants, le passage d’une texture à une autre, ou d’un goût à un autre, va entrainer de grosses difficultés au niveau du comportement comme des refus, colères, pleurs, des hauts le coeur, voir des vomissements!!!!

Comment faire la différence entre la sélectivité transitoire et un vrai trouble de la sélectivité alimentaire.

– Un enfant ayant un trouble de la sélectivité alimentaire, a moins de 20 aliments dans son panel alimentaire (répertoire alimentaire).

– Les aliments qu’il va délaisser ne seront pas réintégrer dans son alimentation.

– Il se désorganise au contact d’un nouvel aliment.

– Il va refuser de manger un type de textures (mixé lisse, mixé grumeleux, morceaux…)

Que faire ?

On peut proposer une approche d’habituation progressive (que ce soit au niveau sensoriel ou dans la gestion motrice).

L’objectif de cette approche est de pouvoir augmenter le panel alimentaire de l’enfant.

Il est important de trouver un thérapeute, ergothérapeute ou autres, formés afin de vous aider dans la mise en place du protocole.

En effet, le thérapeute doit déterminer le goût copain de l’enfant (C’est à dire l’aliment qui lui procure du plaisir), les renforçateurs (aider l’enfant par le jeu et le plaisir à dépasser ses difficultés), les textures de départ, comment on va présenter l’alimentation (en terme de couleur, quantité…)

L’ergothérapeute va vous proposer un ordre de progression (du facile vers plus difficile), la mise en place d’un cadre facilitateur, pour encourager la réussite de votre enfant.

C’est un vrai partenariat qui va s’établir entre le thérapeute, l’enfant et la famille.

La famille sera au centre de l’accompagnement, le thérapeute va soutenir la famille pour maintenir le cadre et le cap tous les jours à la maison. Sans partenariat, il sera très difficile de travailler sur l’habituation systémique.

Quelques précisions

Faites une petite expérience, bandez vous les yeux et vous allez explorer un aliment sans l’aide de la vue.

Que faites vous?

Dans un premier temps, vous allez le toucher pour percevoir sa forme, sa texture, sa résistance.

Ensuite vous allez essayer de le reconnaitre à l’odeur.

Si vous n’arrivez toujours pas à identifier l’aliment, vous allez le poser sur vos lèvres afin de sentir le goût.

Vous ne le mettrez en bouche qu’à partir du moment où vous l’avez reconnu.

Alors n’attendez pas que votre enfant le mange dans un premier temps…

Avant de pouvoir manger un aliment, l’enfant va apprendre à l’appréhender avec ses sens.

Le rôle de l’ergothérapeute lors des consultations est donc d’évaluer le fonctionnement sensoriel de l’enfant pour comprendre s’il existe des troubles au niveau de la perception ou de la modulation sensorielle. Déterminer l’aliment à explorer. Le choix n’est pas anodin et devra être en adéquation avec les capacités sensorielles, motrices et les habitudes environnementales.

Par le jeu, il va travailler sur des nouvelles textures ou des nouveaux aliments. Il est préférable qu’un nouvel aliment soit expérimenté en séance avant d’être intégré dans un protocole d’habituation à la maison.

Ce partenariat doit bien sur tenir compte des réactions de l’enfant, on avance à son rythme, on lui permet de recracher jusqu’à ce que le bolus soit acceptable sensoriellement et au niveau fonctionnel.

Alors si on récapitule…

On regarde: acceptation visuelle

Pouvoir toucher : Le toucher va nous donner beaucoup d’informations sur la mise en bouche ensuite (température, texture, résistance , grosseurs…)

Etablir un main bouche pour sentir et rapprocher l’aliment de la zone orale

Appréhender l’aliment avec les lèvres pour en explorer le goût

Tolérer l’aliment dans la bouche

Comprendre et apprendre la mastication

Pourvoir l’avaler après l’avoir croquer et mastiquer correctement

Si vous voulez en savoir plus et que vous lisez bien l’anglais (Lol) je vous conseille le site https://sosapproach-conferences.com

Marie RUFFIER BOURDET

Ergothérapeute/Occupational therapist

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